44% de français se disent en état de détresse psychologique au travail.
Les raisons de ces détresses ne manquent pas : humiliation, irrespect, brimades récurrentes, iniquités flagrantes, gestes déplacés, placardisation, racisme, sexisme, pression et harcèlement moral… Toutes ces causes, mènent au même crash psychologique, sous une forme ou sous une autre : burn-out, brown-out, bore-out et, moins cité, le TSPT (trouble de stress post-traumatique) dont les dégâts psychologiques de long terme peuvent être irréparables, pire, se transmettre aux équipes, créant des serials killers entrepreneuriaux qui se croient tout permis, puisque, eux aussi, ils l’ont vécu…
Les gestes de préventions existent et se multiplient, mais l’omerta demeure, particulièrement dans le domaine du harcèlement psychologique… Dans l’immense majorité des cas, le linge sale se lave en famille, sous le radar légal des articles L. 4121-1 et L. 4121-2 du Code du travail visant à la protection de la santé physique et mentale des salariés et la prévention du harcèlement moral).
Mais il est difficile pour les organisations de déceler les cas de harcèlement pour une raison bien simple : l’harceleur est doué et le cycle comportemental rodé :
- La mise sous tension : dans un premier temps naissent les tensions à travers des regards menaçants ou de l’ignorance volontaire, sources d’anxiété, de perte de confiance en soi. C’est le premier niveau d’emprise du harceleur sur l’harcelé…
- Le piège : Lorsque cette emprise est installée, tous les coups sont permis : critiques publiques et/ou brimades successives sont autant de coups qui rabaissent l’harcelé et le tétanise dans sa volonté de réagir. Affaibli physiquement et mentalement, la colère, la tristesse et l’apathie s’installent, laissant place à un nouveau registre de critiques « justifiées », puisqu’en effet, le harcelé a perdu ses moyens…
- Le calvaire quotidien : cette troisième phase est la principale source à l’origine des TSPT (trouble du syndrome post-traumatique). La harcelé culpabilise et se coupe de ses émotions, subissant les foudres de l’oppresseur qui ne manque pas une occasion d’affaiblir l’autre pour se grandir lui-même.
- Le syndrome de Stockholm : le bourreau devient amical et bienveillant tel un vaillant pompier qui sauverait sa victime. S’il le fait, c’est pour éviter d’être découvert parfois, mais surtout pour obtenir la sympathie de celle ou celui qu’il a brisé… Sous emprise, le harcelé ne dénoncera plus son bourreau, pire, il pourra l’aimer, au mépris de la gravité des coups reçus, pour se préserver d’un retour à la violence et d’un mépris qu’il n’est plus capable d’encaisser. Et dès que l’emprise s’estompera, l’étau se resserrera de nouveau (voir phase précédente), pour maintenir l’emprise du bourreau sur sa proie épuisée…
- Le dernier clou : dans les pires scénarios, il existe une dernière phase, sans doute la plus douloureuse, lorsque le harcelé tombe (enfin!) en burn-out, seule porte de sortie à ses yeux… En situation de grande détresse, l’harcelé tente d’expliquer ce qui lui est arrivé, comme le ferait une femme violée, jugée pour ses « tenues affriolantes » ou « ses sourires trop appuyés »… L’horreur… Au fond, « n’était-elle pas consentante ? », « Pourquoi n’a-t-elle pas alerté quelqu’un ? », « quel manque de courage »…
C’est trop souvent ainsi que les organisations défaillantes se dédouanent de ses responsabilités, protégeant sa réputation et celles de ses bourreaux, bien souvent en situation de pouvoir. Dans le meilleur des cas, le bourreau sera « démissionné ». Mais rarement condamné, il reprendra vie dans une autre organisation…
Et dans bien des cas, le traumatisé deviendra à son tour, le bourreau d’un autre, comme un enfant battu deviendrait le bourreau de ses propres enfants…
Et tout le problème est là…
Pour enrayer ce fléau, il ne suffit pas de sanctionner les bourreaux.
J’ose le dire, il faut les comprendre, les soigner, et les rééduquer, parce que les traumatismes professionnels (44% des salariés en souffrent, je le rappelle) se répercuteront sur les prochaines générations, au même titre (si l’on en croit la psychologie intergénérationnelle), que les bourreaux des derniers siècles exerceront une influence désastreuse sur les générations d’aujourd’hui.
Mon conseil : le linge délicat ne se lave, ni en machine, ni en famille… Ne tentez pas de résoudre le problème sans l’aide d’un coach externe aguerri. Vous risqueriez d’ouvrir une boite de pandore. Le coach est là pour sécuriser et fiertiliser votre démarche afin qu’elle se déroule dans le respect, la bienveillance, et pourquoi pas, dans le plaisir. Parlons-en ?
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