Reprogrammer une culture d’entreprise défaillante

Reprogrammer une culture d’entreprise défaillante

Cet article existe sous forme de podcast. Il y a quelques années, j’ai eu le privilège d’intervenir auprès d’une centaine de managers d’un grand groupe canadien. L’atmosphère de la salle était plutôt tendue. Bien que l’intention même de cette journée ait eu pour objectif d’installer de nouveaux codes managériaux, tels que la bienveillance et la confiance, l’immense majorité du public me recevait sur la pointe des fesses, prête à se lever d’un seul homme si je dépassais le cadre rigide qui m’était imposé.

Ils ne me paraissaient d’ailleurs pas plus ouverts que ne le serait un dictateur devant un traité de paix, une bouteille de shampoing devant le crâne lustré d’un moine tibétain, ou qu’un bocal de langue de bœuf devant l’assiette d’un végane convaincu.

D’ailleurs, l’organisateur de l’événement s’affirmait l’avant-veille sur LinkedIn d’un discours acide à l’égard des coachs et autres « gourous du mieux-être » qui, selon lui, fissurent les âmes et mollifient les esprits pour mieux s’enrichir des malheurs qu’ils proposent d’atténuer. La table était mise, accueillante et fleurie.  

Mais je ne me dégonfle pas, attaquant le sujet par cette introduction que je reprends souvent dans mes ateliers et conférences: « Au cours de votre carrière, vous, comme moi, allons-nous lever plus de 10 000 fois pour nous rendre au bureau. Une grande majorité d’entre nous s’y rendra la peur au ventre parce qu’elle porte en elle les pesantes séquelles d’un traumatisme professionnel : une humiliation publique, une parole irrespectueuse, une brimade récurrente, un regard désapprobateur, une iniquité flagrante, un geste déplacé, un racisme voilé, une insidieuse pression… J’en passe et des bien pires ».

Je les invite d’ailleurs à lever la main pour savoir s’ils se sentent concernés par cette affirmation : ce qu’ils font, à l’unisson, d’un signe discret, comme pour se délivrer d’un honteux secret qu’ils croyaient être les seuls à connaître. La glace se fissure sous le poids des maux.

Je leur propose alors de réfléchir à la question suivante : « Une partie d’entre nous ne serait-elle pas responsable du syndrome post-traumatique d’un autre ? »

Bien que cette fois-ci je ne les invite pas à me confirmer cette hypothèse, 2 mains se lèvent, courageuses ; suivies de 4 autres, fébriles ; puis de 26, confessionnelles… Si les autres mains ne cèdent pas à l’impudeur du moment, je vois que certains regards sont bas… La messe est dite.

Je prends alors un moment pour que raisonne ce silence, prétextant vouloir me désaltérer… S’attendant sans doute à être absous d’un jet d’eau sacré de ma bouteille de Perrier citron, ils me sourient d’un air coupable, mais non responsable, convaincus peut-être qu’il n’y a rien là. « C’était avant », me dit l’un d’eux, l’œil espiègle.

Ironisant du pardon qu’il venait de s’offrir, il renchérit d’une affirmation libératoire : « Faute collective à demi-avouée, enjeu de société pardonné. » L’écrivain Gabriel Matzneff aurait été d’accord, mais je ne le suis pas.

Alors la conversation dérive vers l’épave immergée que la vague traumatique dévoile à chaque ressac. Elle tient dans une indiscutable affirmation : les emmerdes au boulot s’invitent dans nos humeurs personnelles. Ils intoxiquent nos enfants. Ils assombrissent nos nuits. Ils éteignent nos cœurs. Ils activent nos addictions… En résumé : un syndrome post-traumatique ne reste pas au bureau. Il a l’insidieux pouvoir de traumatiser une famille.

Je l’admets, cette introduction n’épargne personne ; surtout pas moi. Mais elle invite à l’optimisme : si un manager a le pouvoir de nuire, il a aussi le pouvoir, et la délicieuse responsabilité, de créer les conditions gagnantes du mieux-être global.

Alors, ne nous épargnons pas de ce constat qui met en lumière les conséquences tsunamiques d’une culture d’entreprise défaillante, parce que le faisant, nous éteignons le pouvoir d’un manager de créer une spirale ascendante créatrice de mieux-être professionnel, personnel comme familial. Et je l’affirme, cette intention doit être le point de départ de toute transformation d’entreprise, parce que sans elle, les talents ne sont pas disponibles.

Mais ce n’est pas simple parce qu’il ne suffit pas d’affirmer que l’on change de voie/x pour réussir. Un syndrome post-traumatique collectif ne s’éteint pas d’un coup de baguette magique.

C’est un processus conscient qui s’établit autour d’une approche séquentielle en 5 temps :

  1. Créer le cadre qui permettra de pardonner l’indicible sans mettre à risque l’entreprise de se piéger dans un processus nominatif anxiogène.
  2. Impliquer toutes les strates de l’organisation afin d’établir un nouveau contrat de confiance qui « fiertilisera » l’entreprise et ceux qui la font vivre.
  3. Injecter ce contrat dans l’expression d’une nouvelle raison d’être d’employeur afin d’en sceller l’importance.
  4. Mettre en place, équipe par équipe, des leaders-bien-veilleurs enrichis de soft skills qui font du bien. Formés, ils seront les gardiens de la démarche et s’assureront que les dérives s’estompent pour toujours…
  5. Faire de cette fierté retrouvée le 1er levier de croissance, d’attraction et de rétention de la marque.

C’est en créant des âmes fortes que l’on crée des acteurs de changement engagés, confiants et collaboratifs. Je ne vois pas de raccourcis.

RH : Sortez du syndrome des 5 C (C’est Con, mais C’est Comme Ça)

RH : Sortez du syndrome des 5 C (C’est Con, mais C’est Comme Ça)

99% de vos collaborateurs ne veulent qu’une chose : le succès de l’entreprise pour laquelle ils s’engagent. Alors, ne gérez pas vos ressources humaines autour du « 1% déviant ». Choisissez plutôt de valoriser les moutons noirs.

Au cours d’un mandat visant à aider une PME d’une centaine de collaborateurs dont les équipes manquaient d’engagement, formaté par une culture d’entreprise contrôlante, j’ai proposé l’idée que le « Manuel des employés » qui contenait plus de 80 pages devait être repensé. En effet, au fur et à mesure des ajouts et changements successifs des RH, les collaborateurs étaient perdus dans des couloirs administratifs dont l’objectif principal visait à combattre les dérives d’une infime partie des salariés. 

Les collaborateurs se sentaient infantilisés, traqués, et « traités comme des bêtes que l’on puce pour mieux en contrôler le mouvement. »  

Évidemment, les ressources humaines n’avaient aucune envie de revoir les protocoles qu’elles avaient mis des années à bâtir et enrichir de nouvelles politiques, parfois même, contradictoires. 

J’ai donc proposé le challenge à une équipe de 12 collaborateurs aux origines et compétences diverses de s’enfermer un week-end dans un luxueux chalet de montagne pour réécrire ce manuel, afin d’en extraire l’essentiel et d’en retirer tout ce qui leur semblait inutile et infantilisant. Résultat : des 80 pages initiales, il ne restait que 20 pages… Toutes les règles et formules qui visaient le « 1% déviant », terme pour désigner celui qui tente de contourner les règles pour son bénéfice personnel, ont été retirées de ce manuel de l’employé. Ce vent de confiance a rapidement libéré les énergies individuelles et collectives, sortant les collaborateurs de leur torpeur.

La théorie des 5C couramment entendue dans les couloirs de l’organisation – C’est Con, mais C’est Comme Ça – s’est magiquement changée en celle de Nike.

Proposition de formation

Proposition de formation

Proposition de formation :

Un repositionnement en 6 étapes pour cocréer une nouvelle marque portée par la bienveillance sociale, économique et sociale.

2 heures, une formation, un livre, une version complète en ligne.

Inscrivez-vous ici.

Je vous propose un guide stratégique de la bienveillance entrepreneuriale. Présentées de façon séquentielle, les pratiques concrètes proposées reposent sur l’acquisition de convictions, connaissances et intuitions acquises au cours des dernières années, en France, mais surtout au Québec à qui je dois mes plus grandes révélations stratégiques.

Une formation gratuite en 6 séquences sera offerte sur demande. Elle reprendra, chapitre par chapitre, les concepts résumés ici. Ils seront enrichis de détails, d’exemples concrets, de témoignages et d’illustrations pratiques et accessibles.

Voici un résumé des séquences abordées dans le cadre des repositionnements de marques que l’on me confie.

La plupart des outils proposés proviennent de la mise en pratique de concepts issus de penseurs reconnus. Certaines approches proviennent d’assemblages ou d’appropriations conscientes et inconscientes issues d’essais et d’erreurs engrangées au cours de ma carrière de stratège et coach de marque.

  1. La recherche de la raison d’être comme déclencheur d’énergie collective.
  2. La pyramide de confiance comme déclencheur d’énergie individuelle.
  3. « La dette, le don et la chasse à l’inutile » comme stratégie de priorisation stratégique.
  4. La création de leaders de mission comme modèle de management libéré.
  5. La bienveillance, le plaisir et la finalité comme modèle de culture d’entreprise performante.
  6. Le sens des responsabilités au service du réensauvagement de notre monde, et de la réhumanisation de ceux qui le font tourner, comme destination finale.

Lien pour l’inscription. Gratuit, mais places limitées.